L’histoire culinaire lyonnaise  05/07/2021

Les Mères lyonnaises, la restauration entre Rhône et Saône donne le pouvoir aux femmes !

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“La femme est l’avenir de l’homme”, disait Louis Aragon, chanté par Jean Ferrat. A Lyon, dans le milieu de la restauration, elle est aussi son passé le plus glorieux, à travers ses fameuses Mères. Des femmes, chefs cuisiniers, qui ont su faire la renommée de la gastronomie à la lyonnaise à travers les âges. Et contrairement à ce que beaucoup croient, les célèbres Mères Fillioux, Brazier et Bizolon ne sont pas les seules dans l’Histoire à avoir fait saliver Lyon. Petit tour d’horizon de ces femmes d’exception.

Les Mères lyonnaises : des inspirations pour des aspirants en intérim

Ah, la cuisine ! Cette affaire d’hommes, diraient certains. La seule femme chef de cuisine aujourd’hui triple étoilée Anne-Sophie Pic le déclarait elle-même l’an dernier dans Le Nouvel Obs : “Les femmes sont toujours minoritaires dans la gastronomie”. Pourtant, à Lyon, elles ont su faire la pluie et le beau temps sur nos papilles à travers l’Histoire.

Certaines Mères lyonnaises sont restées, encore aujourd’hui, des références. D’autres sont malheureusement tombées dans l’oubli. Mais leur héritage est sans pareil ! Alors, oui, si vous êtes en recherche d’une mission d’intérim ou d’un CDI dans le milieu de l’hôtellerie-restauration à Lyon… ne bougez pas, et inspirez-vous de ces grandes dames de la gastronomie qui ont su faire la différence !

La Mère Guy, la précurseure

Si c’est sous la houlette des frères Foillard que le restaurant La Mère Guy a reçu ses trois premières étoiles au Guide Michelin en 1936, l’auberge des quais de Saône est bien plus ancienne que ça. Il faut remonter en 1759 pour retrouver la trace d’une certaine dame Guy qui, à l’époque, avait ouvert une petite guinguette chaleureuse. Il s’agit de la première Mère recensée dans l’Histoire ! Le monde de la restauration lyonnaise doit encore beaucoup aujourd’hui à la chef de cuisine et sa spécialité, la matelote d’anguilles.

La Mère Brigousse, la quenelle coquine

Si lors d’un intérim en tant que second ou commis de cuisine à Lyon, on vous demande de préparer des “tétons de Vénus”, ne paniquez pas ! Ce n’est ni plus ni moins que la spécialité de la Mère Brigousse. Dans les années 1830, celle qui s’est fait connaître sous le doux nom de “Mère des amoureux” préparait des quenelles en forme de seins dans son hameau des Charpennes. A l’époque, tous les jeunes bourgeois de Lyon s’y précipitaient pour enterrer leur vie de célibataire. 

La Mère Mélie, l’excentrique du Beaujolais

Bien avant que Rosie la riveteuse ne devienne aux USA le symbole du féminisme en montrant ses muscles et en retroussant ses manches, il y avait la Mère Mélie. Debout sur sa table, à califourchon sur sa chaise, elle posait avec virilité sur ses photos. Une femme de caractère qui, dès la fin du XIXe siècle, a su promouvoir les produits du Beaujolais et s’imposer comme une légende du territoire. Préparer lors d’un intérim en restauration lyonnaise de l’andouillette du Beaujolais ou des poires au Brouilly, c’est un peu rendre hommage à la Mère Mélie !

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Les mères modernes : la Mère Fillioux, le succès à l’international

N’importe quel chef de cuisine se plairait à confectionner une poularde de Bresse demi-deuil comme Paul Bocuse. Ce met de choix, c’est à l’Auvergnate de la “Belle Epoque” Françoise Fayolle que nous le devons. Surnommée “l’impératrice des Mères Lyonnaises” ou encore “la Reine des Poulardes”la Mère Fillioux régalera ainsi entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle tous les bourgeois lyonnais rue Duquesne, de même que le monde entier. C’est là qu’elle formera la Mère Brazier, qui à son tour s’occupera de Paul Bocuse. Autant dire que sans elle, la renommée de la restauration lyonnaise n’en serait probablement pas là !

La Mère Bizolon, la nourricière des guerriers

En temps de guerre, nourrir les soldats relève d’une mission primordiale. Si les intérimaires en restauration d’aujourd’hui n’ont, heureusement, pas à se soucier de ce type de considérations, Clotilde Bizolon, elle, a fait tourner à plein régime les fourneaux entre 1914 et 1918. La “Maman des soldats”, qui tenait une buvette à Perrache, carburait à 1000 repas par jour. Nulle légion d’honneur ne fut plus méritée que celle que la Mère Bizolon reçut des mains d’Edouard Herriot pour ses services rendus.

Les Mères Brazier et Bourgeois, les premières étoiles

Il aura fallu attendre le deuxième tiers du XXe siècle pour qu’enfin, les Mères lyonnaises soient reconnues comme il se doit par le monde de la restauration et de la gastronomie. Et ce, grâce aux Mères Eugénie Brazier et Marie Bourgeois. La première s’est rapidement imposée dans les années 1920 à Lyon comme la digne héritière de la Mère Fillioux, sa tutrice culinaire. La seconde, dans son Hôtel Foray à Priay dans l’Ain, est devenue un passage obligé pour les riches parisiens qui descendaient sur la côte d’azur. En 1933, leur cuisine de premier leur a permis de récolter les premières étoiles féminines du Guide Michelin. Indéniablement deux femmes chefs de cuisine aux origines humbles qui devraient inspirer tout intérimaire en quête de notoriété dans le domaine de la restauration et de l’hôtellerie !

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